samedi 25 juillet 2009

Rendez-vous

J'étais parti comme une flèche
Qui connaît d'avance son but
Et rien de plus.
Chaque point une conséquence simple
Du précédent
Une logique inébranlable

J'étais parti comme un couteau
Tenu droit par l'assassin froid
Ses marques sont précises sur ma peau
La rigueur attentive du bourreau
Qui execute obéissant la juste Loi
Sans démesure
Sans joie
Ses mouvements sont certains
Comme un mauvais destin


La ligne imaginaire de mon chemin

De petits poissons dorés au bord du monde
Dans le crépuscule la certitude du matin




Mais au retour
Au retour la lumière ne suffisait pas
L'air était juste de l'azote et ne suffisait pas
Le monde trop petit, trop encombrant, et sans sortie
Et ce drôle de pomme rouge dans ma gorge
Ce gros morceau qui me suffoque


La lune haute et ronde
Stupide et complète
Ne comprenait que les gens heureux

Ce bonheur et cette gourmandise
Ce sourire ignoble et facile
De son visage engourdi de certitude

La lune imbécile


La vérité ce soir était rouge et noir
Comme un mensonge
Et en rouge le sens interdit
Tous les sens à suivre interdits
Tous les chemins du monde qui ne menait à nulle part


Et pendant que je suivais la route impossible
Ridicule, absurde
Du retour
J'ai compris que l'amoureux est incomplet

jeudi 2 juillet 2009

Sans titre.

Je suis l’œil du cyclone
Le gouffre

Ces souvenirs brillants, irradiants parfois une chaleur malsaine. Tu en respires parfois, je sais, les vapeurs factices. Ou je l’espère encore.

Je suis l’œil du cyclone
Le gouffre

Je ne vois rien. Des milliards d’horizons plus loin, rien que la solitude et le besoin latent d’écraser et détruire ce qui n’existe pas.

Je suis l’œil du cyclone
Le gouffre

D’étranges lucioles se sont glissées, à chacun de mes pas, dans mon corps négligé. Elles y vivent et y meurent. Lentement me consument et parfois y demeurent.

Je suis l’œil du cyclone
Le gouffre

Un dernier élan, pour le dernier des sauts. Tout cela a l’air loin, mais avant d’y penser je jette un œil hagard sur mes membres liés, au sang bleu et figé.

Je suis l’œil du cyclone
Le Gouffre
Qui porte au fond de lui, en son corps en son sein
Ces souvenirs brillants, dont les vapeurs malsaines
A l’odeur oubliée, dans ton monde incertain
Seront la joie ternie de ceux qui ne comprennent.

L'heure du goûter

Je veux palper encore ta sensuelle rondeur,
De ma paume éprouver combien ta forme est ferme,
Te caresser partout et pousser à son terme
Le doux champ du cygne de ta frêle pudeur.

Je te découvrirai, sans bruit, voile après voile,
et quand tu seras nue, exposée, devant moi,
Dans ton corps humide je plongerai mes doigts
Et j'ouvrirai ta chair à ma soif de Tantale.

Tu connaîtras l'assaut des baisers dévorants
De ma bouche affamée, la morsure de mes dents.
Quand il s'agit de toi, plus rien ne me dérange,
Ô fruit de mes pensées, ma délicieuse orange !

Rumine

J'ai un troupeau de pensées
Qui toujours viennent creuser,
Noire armée de petits vers,
Ma tête comme un gruyère.

Mais face à cette industrie
Que peut faire mon esprit
Si ce n'est, sans dire un mot,
Se résoudre à tous ces maux ?

Face au vacarme intérieur
De la vermine au labeur
J'oppose un triste silence
Et je m'arme de patience,

Jusqu'au jour où...

samedi 27 juin 2009

Veille

Alors que dans la chambre vide et chaude
Les promesses d'été, trompées, se fanaient
L'envie d'être proie, résistir mais céder
Le serpent qui viendrait la nuit m'étouffer
La pomme pas offerte - l'âme, hélas!, sauvée


De son Eveil l'ami dissipe les brumes
De cette veille de rêveries inavouées
Et, soleil, sa conscience limpide allume
La raison qui refroidit ce corps mal-aimé

Si l'idée vive,
Le rêve est mort-né.

Le Cycle

Sur un calendrier, les jours
Rétrécissent et se rapprochent
Comme les étages d'une tour

Et même si on s'accroche,
Même en cherchant un détour,
On ne peut tromper cette satanée cloche.

Avec une nouvelle pierre de soie,
Il faut effacer un autre mur,

Sur un nouveau galet de bois,
Reprendre l'écriture.

Jusqu'à ce qu'un prochain carillon
Qui chante et qui murmure
Nous pousse encore vers d'autres saisons.

mercredi 24 juin 2009

Au poète qui perd ses vers

Persévère !

Tête dans le C...

J'ai...

La tête dans le c...i-el
Je me perche à mon bureau
Comme à sa branche un corbeau,
Et je rêvasse

La tête dans le c...oton
Et le monde, en plumes d'oies,
Vient s'étendre devant moi
Je m'y prélasse.

La tête dans le c...achot
Car je ne peux pas partir
En quête de vos sourires
Sans qui je glace.

...

Mais les vertus du café
Et l'heure du déjeuner
Font que dès lors je n'ai plus
La têt' dans l' c...

dimanche 21 juin 2009

Eveil

Alors que j'étais sec, vautré sur mon divan,
Regardant les secondes enlacer le cadran
Livide d'une montre échouée sur la table

Dont le cri silencieux me rappelait l'émoi
Qui étouffe le coeur affolé de la proie
Prise dans les anneaux d'un serpent redoutable

Une idée vive :

Briser le sort
Et prendre son essort
Pour rompre ces liens qui nous font esclaves.

Ecrire, créer,
Du beau comme du laid,
Mêler dans un même oeuf l'or et la bave

Pourvu qu'on vive.